Toyota anticipe une perte de 1,3 milliard de dollars en deux mois à cause des droits de douane

Toyota a lancé un avertissement clair : les nouveaux droits de douane imposés par l’administration Trump pourraient effacer 1,3 milliard de dollars de profits en l’espace de seulement deux mois. Cette déclaration souligne à quel point la situation économique des entreprises peut basculer rapidement face aux politiques commerciales imprévisibles.

Il y a un an à peine, le constructeur automobile japonais enregistrait des résultats record. Porté par une forte demande américaine pour ses modèles hybrides et une dépréciation du yen, Toyota avait atteint en mai le bénéfice annuel le plus élevé jamais réalisé par une entreprise japonaise.

Mais jeudi dernier, le géant de l’automobile a présenté des perspectives bien plus sombres pour l’exercice fiscal en cours, qui se clôturera en mars. Toyota prévoit une chute de 20 % de son bénéfice d’exploitation, en grande partie en raison d’un yen plus fort et de l’impact immédiat des tarifs douaniers instaurés en avril et mai par les États-Unis.

Le directeur général du groupe, Koji Sato, a précisé lors d’un point presse que ces prévisions ne concernaient que les deux premiers mois de mise en place des tarifs, dont l’impact à long terme restait « très difficile à anticiper ». Il a ajouté que « l’environnement actuel de l’industrie automobile, notamment en ce qui concerne les relations commerciales, est extrêmement instable ».

Cette incertitude illustre les répercussions majeures de la politique commerciale de Donald Trump sur l’industrie automobile mondiale. Depuis le mois dernier, une taxe de 25 % sur les véhicules importés aux États-Unis est en vigueur, et elle s’étend désormais aussi aux pièces détachées.

Les difficultés rencontrées par Toyota mettent également en évidence les défis auxquels le Japon est confronté dans ses négociations avec Washington. L’industrie automobile, pilier des exportations japonaises, est durement touchée.

Le principal négociateur japonais, Ryosei Akazawa, a récemment affirmé que les nouveaux droits de douane coûtaient à un constructeur japonais près d’un million de dollars par heure. Malgré cela, les pourparlers stagnent, les États-Unis refusant de considérer une exemption des taxes sur les véhicules comme sujet de discussion.

De retour d’un cycle de négociations à Washington, M. Akazawa a déclaré ce week-end que les deux pays n’étaient pas parvenus à rapprocher leurs positions. Le Premier ministre Shigeru Ishiba a quant à lui appelé à la prudence, estimant que le Japon ne devait pas conclure un accord qui compromettrait ses intérêts à long terme.

Les économistes s’inquiètent des effets plus larges que pourraient avoir ces droits de douane sur l’économie japonaise. L’industrie automobile, avec ses chaînes d’approvisionnement étendues, joue un rôle central dans la production industrielle du pays. La semaine dernière, la Banque du Japon a revu à la baisse ses prévisions de croissance économique de plus de moitié, invoquant un niveau de taxation « sans précédent » imposé par les États-Unis.